Mary's WeddingMary's Wedding [Stephen Massicotte]

As a music aficionado, you are in control. You can tune in and pay attention to every sound wave, or you can zone out. You can choose the frenzy of a live concert or the closed solitude of headphones. In the theatre, you are no longer in control. As the audience, you are engulfed by the performance like a sandcastle by the tide. Your emotions can get stripped raw and there isn’t a whole lot you can do about it.

Music and theatre have many differences. Theatre can seem less accessible, more archaic and rigid, conjuring actors reciting dense Shakespearian tongues. Music is often associated with risk-taking and rebellion: guitars, stuffy bars, howling, with the crowds going wild.

Music in Canada can get weird. Experimenting with noise, instruments, rhythm, language; in garages, on the streets, within bars. Well, folks who are into theatre will readily tell you that theatre in Canada is oh so very weird. Shedding Canadian skin to reveal the animal underneath the silky theatrical furs: unexpected venues, puzzling light shows, shocking subject matter, and mind-altering sound.

I have just seen a play in a barn. It was a remote working farm in Woodslee, just outside Windsor, Ontario. The play was Mary’s Wedding by Stephen Massicotte - a dark love story set in rural Alberta against the haunting realities of World War I. This was a production by the Public Utility Company.

Much of the play’s narrative occurred inside a barn, where the audience huddled together, smelling damp hay and September wind. Right on stage, in the corner, a foley artist and musician were creating sounds of horses, storm, bullets, grenades using coconut shells, crumpled bags, drums, and guitar. Gently and subtly, they lulled us, and at some point reality and art got blended together, and we sunk deeply. Canadian history, national identity, growing up and falling in love. Sacrifices and what war does to a person. Dulce et decorum est, through black spruce.

Charlie is hiding in a barn and shivering because he is terrified of the thunderstorm, violent shrieks of which propagate through the thin metal roof and cracks in the walls. Suddenly, Charlie’s space is flooded with a menacing dim light and he is in the trenches, his feet wet from the mud, freezing, ready to kill enemy soldiers.

Charlie, come away to safety! Away from the gore of war! - I wanted to shout, looking at a naive young man who is eager to “do his share” for the country. How many young Canadians today feel like that are doing good when they go off to war, many of them never to come back again?

Everything we see is Mary’s dream, sometimes a nightmarish frenzy, sometimes a youthful romance. Don’t be so cruel, Mary! Don’t let him leave without saying goodbye…You’ll never see him again! - I couldn’t help but get furious with the proud young woman, perhaps remembering myself. She throws Charlie’s letters in the air, an eerie note and a delicate shift in lumens - and her body morphs into Sergeant Flowerdew who is eager to give Charlie fatherly advice.

Dream-like and hyper-realistic, haunted by unconventional sounds, space, and light, the on-stage sound effects seeped into the main action, merging sound waves with narrative and igniting imagination. Intricate light waves painted the air violent and delirious. So much for reciting dense Shakespearian tongues on a pristine black stage.

Lorsqu’il écoute de la musique, un passionné est en contrôle de son environnement. Il peut écouter chaque son attentivement ou, à l’opposé, écouter sans entendre. Il est possible de choisir entre la frénésie d’un concert ou la solitude que procurent les écouteurs. Pour ce qui est du théâtre, c’est autre chose. Le spectateur n’est plus en contrôle. Il est invité à s’engouffrer dans la performance, comme s’il était un château de sable bercé par la marée. Le théâtre, c’est des émotions à l’état pur et rien ne peut les arrêter.

Il existe plusieurs différences entre la musique et le théâtre. Ce dernier peut sembler moins accessible, plus archaïque et plus rigide. De façon classique, la musique est liée à la jeunesse, à la prise de risques, à la révolte. Lorsque l’on pense au théâtre, l’on imagine un acteur récitant du Shakespeare, dans une langue parlée par personne. D’un autre côté, un guitariste jouant dans un bar rempli à craquer et devant une foule en délire vient à l’esprit de toute personne pensant au domaine de la musique.

Le monde de la musique est bizarre, au Canada. Les expériences avec du bruit, des instruments, du rythme ou encore un langage. Dans le garage, dans la rue ou même dans des bars. Les amoureux des arts de la scène sont prêts à dire que le théâtre est tout aussi bizarre, au pays. On jete le peau canadien et révèle l’animal sous la fourrure: les endroits insolites, les sujets durs, les sons psychotropes.

J’ai récemment assisté à une pièce, Mary’s Wedding (http://www.indiegogo.com/projects/mary-s-wedding) , qui était jouée dans une grange. Celle-ci faisait partie d’une ferme de Woodslee, près de Windsor (Ontario). Cette pièce, une histoire d’amour tragique et touchante se déroulant dans la campagne albertaine et ayant les horreurs de la Première Guerre mondiale en arrière-scène, est écrite par Stephen Massicotte. C’était une production de la Public Utility Company (http://www.indiegogo.com/individuals/4400938).

La majeure partie de la pièce se déroule à l’intérieur d’une grange, comme celle dans laquelle les spectateurs sont regroupés. Une odeur de foin et de ce vent de septembre souffle sur nous. Dans l’un des coins de la scène, un bruiteur et un musicien s’affairent à créer des bruits de chevaux, de pluie, de balles de fusil, de grenades. Ils produisent ces sons en utilisant des noix de coco, des sacs ratatinés, des tambours et une guitare. Délicatement, ils nous ont bercé avec une chanson sentie. À un moment, la réalité et l’art ont fusionnés et nous nous sommes plongés dans l’action. Tout y passe: l’histoire canadienne, l’identité nationale, le fait de grandir et celui de tomber amoureux, en plus des sacrifices et de l’impact de la guerre sur les âmes. Sur fond d’épinettes noires, on entend Dulce et decorum est.

Charlie se cache dans une grange, car il a peur des orages, ces cris violents traversant le mince toit métalique et les trous des murs. Tout d’un coup, son espace est envahi par une lumière, tamisée et menaçante, et il se trouve dans les tranchées. Ses pieds sont mouillés par la boue. Il a froid et il est prêt à combattre l’ennemi. Le désir de crier: « Charlie! Viens te cacher! Quitte la violence de la guerre! » s’était emparé de moi, alors que mes yeux voyaient un jeune homme innocent faisant ce que le pays attend de lui. Combien de jeunes Canadiens d’aujourd’hui sentent qu’ils posent une action bénéfique lors de leur départ à la guerre, alors que plusieurs d’entre eux ne reviendront sans doute pas?

Toute la pièce se déroule autour des rêves de Mary. Il s’agit parfois d’une frénésie cauchemardesque et parfois d’une romance de jeunesse. « Ne sois pas si cruelle, Mary! Ne le laisse pas partir sans qu’il n’ait dit un dernier au revoir. ». Je ne pouvais rien faire d’autre que ressentir de la colère vis-à-vis cette jeune femme fière. Ma colère venait, sans doute, du fait que j’étais tout aussi distante, étant plus jeune. Elle lance les lettres écrites par Charlie, une note sombre et un changement délicat dans la lumière, et son corps se transforme en celui du Sergent Flowerdew. Celui-ci est prêt à donner des conseils paternels à Charlie.

Les effets sonores (semblant sortis d’un rêve et fortement réalistes et hantés par des sons, un espace et de la lumière non-orthodoxes) font partie de l’action. Il y a une combination entre les vagues sonores et la trame narrative, ce qui allume l’imagination du spectateur. Des vagues de [lumière compliquées, venant de www.ozweaver.ca, ont peint de la violence et du délire dans l’espace. Avec cette pièce et cet univers, on est loin d’une banale récitation de la langue lourde de Shakespeare, sur une scène noire et vierge.