From Jenya Doudareva:
What about a table? You put your food, your papers and your computer on it. Sometimes your feet go on it. Hot tea gets spilled. A sticky unidentified stain. Dust, fingerprints, dents. The table is specifically designed to carry weight while allowing you to sit comfortably with your legs underneath it. Have you ever thought about how cool that is? Everyday Marvels has.
Sometimes one art form spills into another and they begin a strange symbiosis. A playful written meditation about everyday objects has found its way into experimental contemporary dance and together they exposed the souls of bicycles, doorknobs, midnight news, mirrors, radiators, brains, tables… People and their voices and their emotions became objects. Objects, in turn, became sentient. Every day we use and abuse so many things that were made by our own hands that it’s strikingly easy to forget that they were ever special.
Everyday Marvels is honouring the bicycle. While a warm voice is reciting an ode to this simple creation, the three riders are ecstatic to be able to rush freely down the countryside, wind messing with their hair, insects buzzing by. The physicality of riding a bicycle is intoxicating - the burn in your thighs, pounding heart, balance. The riders are falling in love, laughing, talking - you learn these things once and you never forget how to do them. Just like riding a bicycle.
Honouring our brain. Electronic components, wires, typing on a blue luminous jelly and projecting that text onto a large black screen. While strange mechanical sounds are filling the space, the competing white-robed embodiments of thoughts get engaged into an intricate dance, their interaction at times hostile, at times cooperative. They are pushing each other away as they try to create a coherent mental picture. Meanwhile, the host of the brain seems oblivious to all the commotion around it, she is immobile and peaceful. The fact that humans even have a conscience and self-awareness is almost absurd, given how much chemical machinery has to interact just perfectly.
Everyday Marvels made me think about a table - it is actually marvellous that millennia ago humans have crafted this object that has a very specific purpose. Just like the dancer viscerally sinks his fingers into the thigh of his partner, so does a craftsman sink his saw into the flesh of a tree. Though the process is violent, the finished product is functional and beautiful. In the age of delirious consumerism, it’s refreshing to be reminded that objects are made by people. Even if they are disposable - objects that we create are us.
Écrit par Jenya Doudareva: (Traduit par Alexandre Allouch-Micati)
Qu’y a-t-il à dire au sujet d’une table ? Vous y déposez vos plats, vos papiers ou même votre ordinateur. Parfois, vous y posez les pieds. Du thé chaud s’y renverse. Une tache non identifiée et collante. De la poussière, des traces de doigts, quelques bosses. La table est toute désignée pour porter un poids, tout en vous permettant de vous asseoir confortablement, les pieds en dessous. Avez-vous déjà pensé, ne serait-ce qu’un instant, à l’importance de la table ? Si non, Everyday Marvels l’a fait pour vous.
Une forme d’art fusionne parfois avec une autre, donnant naissance à une symbiose étrange. Une médiation joyeuse écrite au sujet d’objets de tous les jours s’est ainsi retrouvée dans un numéro de danse contemporaine. Ces deux formes d’art jettent la lumière sur l’âme des bicyclettes, des poignées de portes, des nouvelles de minuit, des miroirs, des radiateurs, des cerveaux et des tables. Les gens, leurs voix et leurs émotions deviennent des objets, qui à leur tour, deviennent conscients. Tous les jours, nous utilisons et abusons tellement d’objets faits de nos propres mains qu’il est très facile d’oublier leur caractère spécial.
Everyday Marvels honore la bicyclette. Alors qu’une voix chaude récite une ode à cette création simple, les trois promeneurs sont fous de joie à l’idée de pouvoir se balader librement sur une route de campagne, le vent ébouriffant leurs cheveux, les insectes volant autour d’eux. La réalité physique découlant de la bicyclette est intoxicante : les brûlures dans vos cuisses, votre cœur battant, votre équilibre. Les promeneurs tombent amoureux, rient, parlent. Vous apprenez ces choses une seule fois et elles restent ancrées dans votre mémoire. Un peu comme la bicyclette.
Un hommage au cerveau. Des composantes électroniques, des fils, des lettres tapées sur une gelée lumineuse bleue et la projection du texte sur un grand écran noir. Alors que des sons mécaniques étranges envahissent l’espace, les représentations des pensées, vêtues d’une robe blanche et se faisant concurrence, dansent de façon complexe. Leur interaction est parfois hostile, parfois coopératrice. Elles se poussent mutuellement, tentant de créer une image mentale cohérente. Pendant ce temps, l’hôtesse du cerveau ne semble pas voir l’agitation qui se déroule autour d’elle. Elle est immobile et calme. Que les humains aient une conscience et une connaissance de soi est presque absurde considérant à quel point la machinerie chimique doit interagir à la perfection.
Everyday Marvels m’a fait penser à une table. C’est tout à fait merveilleux de penser que les humains ont conçu cet objet unique dans un but spécifique il y a des millénaires. Tel un danseur coulant ses doigts sur la cuisse de son partenaire, l’artisan plonge sa scie dans la chair de l’arbre. Bien que le processus soit violent, le produit fini est fonctionnel et beau. En cette ère de consommation à outrance délirante, il est rafraîchissant de se remémorer que les objets sont conçus par des humains. Même s’ils sont jetables – nous sommes les objets que nous créons.