From the diamond incisor of Danica Evering:
The conceptual great-great-grandbrainchild of
John Cage,
Silence is a scrappy space that has become a second home for Guelph’s many improvisers, thinkers, printmakers, creators, discussers, hand-makers, noise lovers, musicians, bookbinders, and experimenters. Though it cut its baby teeth as an ongoing experimental music series housed in the
Macdonald Stewart Art Centre, Silence has made its home at 46 Essex (a former auto body shop and chinchilla breedery) and has become a thrumming hub for alternative culture. The building was recently purchased by musicians and enthusiasts Gary Diggins, Daniel Fischlin, Catherine Kormendy, and Martha Nandorfy, and we caught up with Silence’s founder, radical hurdy gurdy player/inventor/composer/coffee roaster
Ben Grossman.
Nihilist Spasm Band at Silence, Kazoo! Fest 2014, video by Colin Medley
DE: Silence is a portal for challenging new sounds. What’s important in stretching our ears and sticking with the weird?
BG: What’s important for me as a listener is that I’m constantly surprised by what I hear. I lose interest quickly when I can understand something, I want there to be some mystery and challenge in art and music. I’m also intrigued by this idea that challenging art and music and stuff has some value in stretching humans cognitively and emotionally and politically and socially. That it can serve as a rehearsal for dealing with otherness in the world and coming to appreciate things we don’t understand. So there’s maybe a bigger social or cosmic picture too.
First Show at 46 Essex St., photo by Ben Grossman
DE: You started out by programming sounds, but Silence now encompasses art, politics, and DIY maker culture among other things. Can you tell us a little more about the rhizomatic branching out of this ethic?
BG: I think that had so much to do with becoming a space, instead of just a series—one person can only do so much. But if there’s any ideology behind it, you could connect it to John Cage’s idea that everything is theatre, that the arts interpenetrate whether we intend them to or not. He talks about how no one closes their eyes at a concert anymore, because everything that’s around, whether it’s intended or not, is part of the experience. So it’s only natural that visual, and time-based, and architectural considerations come into play. It’s not just about sound in isolation. Plus, of course, just that’s how shit happened.
Michael Mucci at Silence
DE: The space at 46 Essex is somewhat of a tiny strip-mall (or shall we choose something less troublingly suburban?) of alternative culture in Guelph. It’s been home and host to
PS Guelph,
Kazoo!,
Pinball Sessions,
Raft and Map,
Department of Lost Records,
art shows, theatre, improvisation groups, and many others. How do the organizations involved the communities around them feed each other?
BG: Do they feed each other, or do they simply coexist? They feed each other in a very practical way in that audiences get shared. But there’s also the kind of collaboration which you can’t really plan on that much. I’m really reluctant to even talk about it for fear of calcifying it into something formal. There’re the ad-hoc kinds of things where people come in and see the space, they think that they could do an installation of some prints over here, make some music over there. Those kinds of things that if you tried to organize them would probably fail miserably. But when you just create an empty space for it, it can allow those things to happen if there’s enough of a spirit of anything goes. Those are important things to me: cheap, accessible, dirty (a little bit). They do feed each other, but I’m not sure it’s in ways that could easily be articulated too well. You’re not force-feeding anything to the audience, you’re not even presenting it to them on a platter. You’re just saying, here’s a bunch of stuff: some publishing, some music, some sound, and some video, and you can make something out of it, because you have a brain and you can do it.
Thresholds like these are usually difficult to cross, tied up in commerce, privilege, and expectations. But we walk through this one like it’s a door in our houses, our living rooms, finding comrades and fellow makers on the other side. Mix tape bricks smoke stack high on the roof, exhaling doilies and inexhaustible devotion. Inside wires and weirdos tangle, sparking. Like the space between the rafters, Silence is the charged potential between two notes. A breath-held aperture that invites unruly, abundant co-creation.
Des incisives incrustées de diamants de Danica Evering:
(Traduit par Jessica Grenier)
Silence – qui pourrait être considéré comme l’héritier conceptuel de John Cage – est un espace morcelé devenu maison d’accueil pour les marginaux de Guelph, tant les improvisateurs, les penseurs, les graveurs, les discuteurs, les artisans, les amateurs de bruit, les musiciens et les relieurs que les expérimentateurs. Après s’être fait les dents en tant que série musicale expérimentale en continu au Macdonald Stewart Art Centre, Silence s’est établi au 46 rue Essex (anciennement un atelier de débosselage et un élevage de chinchilla) et est devenu un centre bourdonnant de culture alternative. La bâtisse a récemment été achetée par Gary Diggins, Daniel Fischlin, Catherine Kormendy et Martha Nandorfy, des musiciens et des passionnés, et nous avons rencontré le fondateur de Silence, l’inventeur/compositeur/torréfacteur de café/joueur d’orgue de Barbarie extrême : Ben Grossman.
Nihilist Spasm Band à Silence, Kazoo! Fest 2014, vidéo de Colin Medley
DE: Silence est un portail pour les sons nouveaux et provocateurs. Pourquoi est-il important de tendre l’oreille et de s’intéresser à ce qui est étrange?
BG: Ce qui m’importe en tant qu’auditeur, c’est d’être constamment surpris par ce que j’entends. Je perds rapidement intérêt quand je peux comprendre quelque chose. Je veux qu’il y ait du mystère et du défi dans l’art et la musique. Aussi, l’idée que l’art provocateur – et la musique et tout ça – ait un rôle à jouer dans le fait d’étendre les capacités sociales, émotives, politiques et cognitives de l’humain m’intrigue. Qu’il serve de pratique pour faire face à l’altérité dans le monde, pour en venir à être sensibles aux choses qu’on ne comprend pas. Alors, il y a peut-être aussi une vision d’ensemble sociale ou cosmique.
Premier spectacle au 46 rue Essex, photo de Ben Grossman
DE: Tu as commencé par la programmation de son, mais Silence touche maintenant entre autres l’art, la politique et la culture artisanale. Peux-tu nous parler un peu des ramifications rhizomateuses de cette éthique?
BG: Je pense que c’est beaucoup dû au fait d’être devenu un espace plutôt qu’une simple série – une seule personne ne peut pas faire tout ce travail. Mais s’il y a une idéologie derrière, elle pourrait être liée à l’idée de John Cage que tout n’est que théâtre, que les arts s’interpénètrent qu’on le veuille ou non. Il parle des gens qui ne ferment plus les yeux durant les concerts aujourd’hui, parce que tout ce qui les entoure fait partie de l’expérience, que ce soit voulu ou non. Alors, il est naturel que des considérations comme l’aspect visuel, temporel et architectural entrent en ligne de compte. Ce n’est pas juste une question d’isolation acoustique. Et puis, évidemment, c’est comme ça que les choses se passent.
Michael Mucci à Silence
DE: Le 46 rue Essex ressemble vaguement à petit centre commercial (ou devrait-on trouver quelque chose évoquant moins une banlieue déconcertante?) pour la culture alternative à Guelph. En plus des
expositions, du théâtre et des groupes d’improvisation, l’édifice a notamment accueilli
PS Guelph,
Kazoo!,
Pinball Sessions,
Raft and Map et
Department of Lost Records. Comment les organisations et les communautés qui les entourent se soutiennent-elles mutuellement?
BG: Est-ce qu’elles se soutiennent ou est-ce qu’elles font simplement coexister? Dans les faits, elles se soutiennent mutuellement puisque le public est partagé, mais il y a aussi un genre de collaboration qu’on ne peut pas vraiment planifier. En fait, j’hésite même à en parler de peur que ça le calcifie en quelque chose de formel. Il y a des fois plus ad hoc où les gens entrent pour voir l’endroit, puis se mettent à imaginer comment ils pourraient faire une installation avec des gravures par ici, jouer de la musique par-là… Ce genre de choses échoueraient sûrement lamentablement si on essayait de les organiser. Mais le fait de créer un endroit libre juste pour ça peut permettre à ces choses de se produire – si on se dit que tout est permis. Ce qui est important pour moi, c’est que ce soit accessible, abordable et sale (un peu). C’est vrai qu’elles se soutiennent, mais je ne suis pas certain que ce soit d’une façon qui pourrait être articulée clairement. On n’essaie pas de gaver le public, on ne lui présente même pas quelque chose sur un plateau. C’est plus de dire : voici un paquet de trucs, des publications, de la musique, du son, quelques vidéos, et tu peux en faire quelque chose, parce que tu as un cerveau et que tu en es capable.
Ce genre de seuils est généralement difficile à franchir parce qu’ils sont trop enchevêtrés dans le commerce, les privilèges et les attentes. Mais ici, on entre comme si c’était la porte de notre maison ou de notre salon pour aller rejoindre des camarades et des collègues-artisans. Une grande cheminée de cassettes s’élève sur le toit, crachant une fumée tissée de dévouement intarissable. Le filage interne et les bizarroïdes se mêlent, créant des étincelles. Comme l’espace entre les chevrons, Silence est le potentiel chargé entre deux notes. Une ouverture créée par un souffle retenu, invitant une cocréation abondante et chaotique.