From the deaf ears of David Ferris:
In Edmonton — a city where the fringes often seem unusually frayed — there is a Galapagos-style splitting off from the rest of reality. This has clearly manifested itself in the sheer strangeness of its experimental/noise scene, which exists without any scene-politics, division or egos: just a bunch of genuinely weird people getting together once or twice a month to make some really “out-there” shit under the guise of the Ramshackle Day Parade shows. The 2012 Ramshackle compilation pulls a raw core-sample out of this underbelly of outsiders-among-outsiders. Listen carefully and the following will eventually become quite audible, coming into focus like a Magic Eye: dads loading their massive home-made analog synthesizer rigs into the backdoor of Bohemia; stoned overtone singing in sewer pipes (perhaps the work of some C.H.U.D.-like entities); every fourth performer burning incense and every fifth performer requiring decoder rings and/or 3D glasses; classical composers trying to make your fucking ears bleed; people listening without earplugs, risking tinnitus but savouring it like sex without a condom; a strict 5:1 contact mike to saxophone ratio; dozens of people collaboratively blasting noise generated by custom software on their smartphones, which have been networked together by a performer; Fluxus gags; shows with loyal turnouts of 5-60; revisionist Noir and cosmic keys; sometimes a drunk random in the back, yelling "play some songs"; Potier piling layers of brutal scrapings onto further layers of brutal scrapings; performers with crippling stage-fright playing underneath blankets like trembling ghosts; a bizarro world where extended technique is the norm and normal musicianship has become alienating; the homeless and marginalized constantly pounding at the venue’s glass window, peering in, drawn to something that sounds universally unfamiliar, then coming into the front door and trying to barge in for free. Check it out.
Des oreilles sourdes de David Ferris:
La culture d'Edmonton, dont les marges sont particulièrement éclectiques, semble aussi déconnectée de la réalité que les îles Galapagos. Ceci se manifeste nettement dans l'étrangeté pure de sa scène expérimentale/noise, sans division, ego ni politique : tout simplement, une ou deux fois par mois, une poignée de gens complètement bizarres se rassemblent sous la bannière Ramshackledayparade pour créer des sons excentriques. La compilation Ramshackle 2012 expose le noyau vital de ce groupe de marginaux de la marge. L'écoute attentive révèle des images audibles, à la manière d'un autostéréogramme, de pères de famille transportant des installations massives de synthétiseurs analogues dans la porte arrière du Bohemia; de chants diphoniques intoxiqués dans les égouts (à la C.H.U.D.); de l'encens que le quart des artistes font brûler sur scène; d'anneaux de décodage et de lunettes 3D; de compositeurs classiques qui essaient de vous faire saigner des oreilles; d'auditeurs sans bouchons, risquant l'acouphène pour le plaisir; de pas moins de cinq micros contact par saxophone; de douzaines d'artistes émettant simultanément et sans coordination des bruits générés par des logiciels qu'ils ont eux-même construits sur leurs téléphones intelligents; de gags à la Fluxus; d'auditoires de 5 à 60 personnes; de claviers cosmiques et de styles film-noir révisionnistes; d'un ivrogne occasionnel au fond de la salle qui crie « Jouez des chansons! »; de Potier qui empile couche par-dessus couche de raclures sonores brutales; d'artistes qui jouent sous des couvertures, comme des fantômes tremblants, parce qu'ils ont un trac paralysant. C'est un monde de Bizarro où les techniques de jeu étendues et alternatives sont de mise et les musiciens « normaux » sont aliénants, et où les sans-abri et les marginaux frappent à la fenêtre du bar en regardant à travers, attirés par ce qui est universellement dépaysant, et essaient d'entrer gratuitement. Écoutez pour voir.