Lonnie in the Garden // Planet Creature - Split

Lonnie had surely been going in circles. But she’d been careful, tracing the fence with her right hand as she looked around, because that’s what you do when you’re trapped in a maze… which couldn’t explain the familiarity of that sunflower patch, and that’s when the dizzying fear building throughout this endeavour finally cracked – she had been here before and she now knew there was no way out – no way to reconcile the geometry of the place, no big picture, no bird’s-eye view. The birdsong very high up was taunting her, she was falling to her knees… no, it wasn’t a vengeful god, it was an invitation, the first sign of life she could remember, and up til now there was absolutely nothing to remember because the past was dead air. She needed to keep up with the eons and evolve, so she turned right to face the iron pickets and while the gap looked less than a handswidth she melted through it easily.

The new country was clear blue and breathable after the wildness of the maze. She could even sit down here – in fact, that was exactly what she wanted. She looked down from her perch in the sky and watched the shadows move with the sun, watched them for days, every day the same shadows, cycling and recycling hours one through twenty-three and she could see all of them at once, every potential moment in time as it materialized on the ground, and of this she built up a knowledge so intricate and intimate that no one else could ever match her understanding; time was all hers, she knew every movement because she’d watched it happen a million times. The future was never going to change, speaking from very high up…

Lonnie s’était rendue à l’évidence qu’elle tournait bel et bien en rond. Elle avait pourtant fait attention, gardant la main droite sur la clôture en tout temps alors qu’elle examinait ses alentours, parce que c’est la chose à faire lorsqu’on se retrouve prise au beau milieu d’un labyrinthe… ce qui n’expliquait pas pourquoi cette grappe de tournesols lui semblait si familière, et c’est à ce moment-là qu’elle fut submergée par cette peur étourdissante qui grandissait en elle depuis le début de ce voyage. Elle était déjà passée par ici et savait maintenant qu’il n’y avait aucune issue; la géométrie de l’endroit lui était inconnue, elle n’avait ni carte ni moyen d’avoir une vue aérienne des lieux. Le chant moqueur des oiseaux, venant de quelque part bien au-dessus d’elle, la fit tomber à genoux… non, elle n’avait pas attiré la colère des dieux, il s’agissait en fait d’une invitation, le premier signe de vie dont elle ait eu conscience, le reste perdu dans le néant qu’était son passé. Elle devait agripper l’éternité et évoluer avec, alors, d’un quart de tour vers la droite, elle fit face aux barreaux de fer. Bien que l’espace entre ceux-ci semblait à peine plus large qu’une main, elle s’y faufila aisément, tel de l’eau qui s’infiltre.

Cette nouvelle contrée était d’un bleu clair et après la sauvagerie du dédale, elle pouvait enfin respirer calmement. Elle pouvait même s’y asseoir, et elle n’en demandait pas plus. De sa perche au-delà des nuages, elle regardait les ombres bouger avec le soleil des jours durant, répétant un cycle infini partant d’une à vingt-trois heures. Elle pouvait voir chaque heure, chaque moment dans le temps se dérouler simultanément au ras du sol, ce qui lui permit d’acquérir une connaissance si complexe, si intime que personne ne pouvait jamais espérer accoter sa compréhension. Tout ça lui appartenait jusqu’au plus petit détail, qu’elle connaissait par cœur pour l’avoir vu se dérouler un million de fois. L’avenir n’avait aucune intention de changer, elle le savait, du haut de ses nuages…


Lonnie in the Garden - Untitled


Planet Creature - Damn This City