From the perfect hemisphere of Claire Marie Guimond:
I woke up to a gentle forward jerk from the deceleration of the bus seat. The doors opened and the air changed, and I was suddenly blinking out all this light coming in. Guess the sun up here hit you faster than it did in my native smog… or those windowpanes must have really been dirty. I shoved up the window and stuck my head through the rim. The outside metal part was already burning hot, which confused me because there was definitely a breeze going. That was when I noticed where we’d parked.
I had been here before, but I knew that was impossible. Anyone could say that the lake, vast and flat as Earth, was a familiar memory — but not one that was mine alone. It was clearer and more substantial, I think, than any real place that anyone had ever seen. In the middle of our lake was an island, rising green out of the water in a perfect hemisphere.
And now that I think about it, I can’t remember if I got carried away and jumped straight out the window, or leaned too far and fell, or if I waited my turn to exit through the door, but right then I was sprinting head-on down the shoreline, lighter than spikes on turf, applause on the wind in my ears, and the peak of the island’s knoll always on the horizon — I knew that the person I travelled for would be waiting on the other side of the crest. Adrenaline masked the fear that drove me (the secret fear that I was starting to forget what she looked like). I pumped my legs and breathed.
De l’hémisphère parfait de Claire Marie Guimond: (Traduit par Jacinthe Laplante)
Une douce secousse vers l’avant, causée par la décélération de l’autobus, m’a réveillée. Les portes se sont ouvertes, l’air a changé, et tout à coup, cette lumière qui pénétrait me faisait cligner des yeux. On dirait bien que le soleil vous importune plus rapidement ici que dans mon smog d’origine… ou ces vitres devaient être vraiment sales. J’ai poussé la fenêtre et j’ai passé la tête à travers le cadre. La partie métallique extérieure était déjà brûlante, me laissant perplexe, car je sentais bel et bien une brise. C’était à ce moment que j’ai remarquai où nous nous étions stationnés.
Je connaissais l’endroit, mais je savais que ce n’était pas possible. Le lac, vaste et plat comme la Terre, aurait pu être un souvenir familier pour n’importe qui ? il ne m’était pas unique. C’était plus clair et plus substantiel, je crois, que tout autre endroit réel jamais vu. Au centre de notre lac se trouvait une île, un morceau vert sortant de l’eau en un hémisphère parfait.
Maintenant que j’y pense, je ne me souviens plus si je me suis laissée emportée et si j’ai bondi par la fenêtre, ou si je suis tombée en me penchant trop vers l’avant, ou si j’ai attendu mon tour pour sortir par la porte, mais aussitôt, je courais à toute vitesse vers la rive, plus légère que des crampons sur le gazon, le vent dans mes oreilles ressemblant à des applaudissements, le sommet de la butte de l’île toujours à l’horizon. Je savais que la personne que je devais rencontrer m’attendait de l’autre côté de la crête. L’adrénaline cachait la peur qui me poussait (la peur secrète de commencer à oublier à quoi cette personne ressemblait). J’ai accéléré le pas et j’ai respiré.