(Traduit par Maya Keshav)
Le quartet Braids de Montréal via Calgary fait la pop effrayante et méticuleusement construite. En étalant les harmonies angeliques à quatre voix au-dessus du synthé tourbillonnant, des pianos étincelants, des guitares tropicales et des rythmes bégayants et sophistiqués, ses arrangements sont luxuriants et détaillés de manière obsessionnelle. L’œil de ce cyclone est Raphaelle Standell Preston— elle est également la voix derrière Blue Hawaii— qui imprégne les chansons de Braids d’hurlements Bjorkiens à l’air d’une banshee, d’ululements pas prévus et d’enjolivures aux nattes. Cette semaine on verra le lancement de leur premier LP avec Kanine de New York et Flemish Eye de Calgary, une mini-tournée soutenue par Long, Long, Long et une balade plus longue aux É-U. Gabriel Jasmin de Weird Canada s’est assis avec le groupe pour une entrevue. Jesse Locke Rédacteur en chef Texture Magazine / Weird Canada texturemagazine.ca / weirdcanada.com /////////////// BRAIDS INFERRED VIEWS /////////////// Gabriel: Native Speaker est votre premier album. Tenant compte que vous n’avez pas publié beaucoup de musique avant ceci, vous réagissez comment à la quantité de press et de matraquage publicitaire que vous recevez maintenant? Il y a l’air bâclé ou tout s’est passé organiquement? Austin: Je crois qu’il a grandi tellement organiquement. On est un groupe depuis quatre ans et on publie maintenant notre premier long métrage. C’est une croissance assez constante. Mais oui, la quantité de presse est un peu accablant. Il y a beaucoup d’entrevues et beaucoup d’affaires qu’on a besoin de faire, mais c’est tout une partie du processus. Je dirais pas accablant… c’est plutôt passionant. C’est pas comme si vous n’avez rien publié et puis vouz avez soudainement un grand monstre dans les mains? C’est pas un grand monstre, c’est juste notre premier album. Vos chansons sont si compliquées. J’ai envie de plus connaître de votre processus de l’écriture. On compose tout ensemble. Katie: Normalement quelqu’un trouve une idée, qui pourrait être un son, ou un riff, ou une émotion et on entame un bœuf. Mais parfois il vient sur le champ, aussi, sans aucune pensée en avance. En ce cas on le dissèque, et ça peut prendre tellement longtemps pour le finaliser. Ouais, parce que tout est en train d’être créé par tout le monde en même temps, il y a beaucoup d’idées qui sont lancées. Et on essaie d’explorer chaque idée pleinement, de voir son potentiel avant de dire oui ou non. Sauf si c’est une idée clairement mauvaise. C’est bon de laisser arriver les gens à une conclusion à propos de leur propre idée. Exactement, on essaie d’arriver à un point où chacun est satisfait de ses propres idées et on voit s’il les garde ou s’il les laisse tomber. Qui est également la raison pour laquelle nos chansons sont tellement longues et tellement compliquées. Je crois que la raison pour laquelle on écrit les chansons si longues et parce que le processus de l’écriture même est si longue. Cela nous prend des mois pour écrire une chanson. Parce qu’on est si méticuleux et soigneux à propos de la progression des choses, et on s’assure qu’on saisit le sentiment précis. Souvent on a besoin de faire plusieurs parties et expériences avant qu’on soit satisfait. À propos de l’album, vous pouvez expliquer l’artwork et comment il se rapporte à votre musique? Ouais, on a collaboré avec notre bon ami Marc Rimmer pour créer l’artwork de l’album. Il a fait beaucoup de nos photos aussi. On avait toujours les problèmes concernant l’artwork, et on veut pas qu’une seule personne du groupe le fait parce qu’on est tellement critique entre nous. Alors trouver quelqu’un d’autre à qui on fait confiance, c’était super important pour nous, et on a demandé a Marc de faire notre artwork. J’imagine que cela a pris du temps pour comprendre dont ce qu’il avait envie. Il a fait des expériences avec les photos qu’il a pris déjà, mais puis, un jour dans la classe de français, il est juste parti au mileu et il a acheté un morceau de couche plastique pour les lampes fluorescentes du bureau. Sur l’écran de son ordi il y avait cette belle photo d’un forêt qu’il a pris, et il a mis la couche plastique devant, et toutes les couleurs étaient visibles. Marc a dit qu’il aimait l’idée que c’était tactile, quelque chose qu’on aurait envie de toucher et de sentir, et comment il voulait créer un courant des couleurs qui represénteraient les sentiments qu’on aurait quand on entendrait l’album. Et il y a un contraste entre l’autocollant, qui est super racé et simple, avec une finition brillante, et l’art qui est mat. Je crois que cette séparation a des parallèles avec notre musique aussi. Bon et le nom, Native Speaker? Native Speaker fait référence à la langue maternelle, la langue qu’on est plus à l’aise quand on la parle. Entre nous quatre, notre langue est la musique. En plus, “Native Speaker”, la chanson-titre de l’album, explore la conversation entre deux amoureux, et comment la relation qu’il a pendant la conversation est leur langue maternelle. Genre quand on partage le lien d’amour avec quelqu’un, c’est presque une langue non prononcée qu’on parle avec l’autre, où chacun connaît dont ce que pense l’autre personne. C’est un genre de communication complètement différent. C’est une exploration de la communication. Elle exprime plus que les mots, plus que le vocabulaire que la langue nous donne. Le mot “native” [“autochtone”] m’a frappé comme un lien avec votre musique, surtout l’aspect rituel du tambour et de la psalmodie. C’est une considération dans vos chansons? C’est pas comme si on dit “Hé, j’aime vraiment comment les autochtones jouent de la musique” ou n’importe quoi comme ça. On ne le prend pas de la culture autochtone. Je crois que beaucoup de ça vient de notre source d’inspiration, le groupe Animal Collective, et beaucoup de batterie tribal-esque qu’ils ont utilisé sur son enregistrement Feels. Cela a grandement influencé la façon dans laquelle je pense à propos de la batterie et sens les rythmes et tiens compte de l’énergie qu’on peut créer avec une approche tribale et crue. Raphaelle: Ouais, c’est à propos du tribal-essence, si c’est même un mot, parce que c’est si cru et si émotif. Et c’est comment tu (Austin) parle toujours à propos d’être lié à la terre, ou de prendre l’énergie de la terre et comment l’exprimer avec vos parties. C’est la connexion qu’on a avec nos environs et avec nous autres. La connexion est vraiment un épicentre pour le groupe. Bien ouais. Carrément. C’est la base de notre groupe pour sûr. Si c’était pas pour ça, on se serait pas appelé Braids.